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Le directeur d'un des théâtres le plus connus à Paris "La Huchette" et son régisseur,

  • Gergana Todorova & Cindy Renou
  • May 17, 2013
  • 3 min read

Le directeur du théâtre "La Huchette" Jean-Noël Hazemann et l'administrateur du théâtre, ancien régisseur et gérant de la coopérative des comédiens associés, Gonzague Phélip, écrivain du Fabuleux Roman du théâtre de la Huchette vont nous éclairer sur la magie de garder un spectacle pendant 57 ans.

Interview

Pourquoi avez-vous choisi de jouer La Cantatrice Chauve d’Ionesco et pourquoi la garder pendant 57 ans ?

J-N Hazemann: Nicolas Bataille et sa troupe sont venus proposer cette pièce en 1952, qu'ils ont joué pendant 2 mois. Puis en 1957, ils sont venus demander pour jouer 1 mois et comme ça marchait, ils ont demandé pour 2 mois puis 3 mois et 1 an, etc.

G. Ph

élip: A l'origine en 1954, Jacqueline Staup a fait une tournée dans le Sud de la France avec la Cantatrice Chauve et ça a marché et ils se sont dit que ça serait bien de la rejouer à Paris. L'occasion s'est proposée en 57 et c'est comme ça que c'est parti. Ionesco commençait à être reconnu, c'est devenu un phénomène et tout le monde devait voir cette pièce. Les vedettes venaient la voir: Maurice Chevalier, Edith Piaf, etc. Et encore maintenant, par exemple récemment Jean-Louis Aubert est venu.

J-N Hazemann: La pièce marchait bien puis elle marche toujours donc il n'y a aucune raison d'arrêter. Le théâtre de la Huchette et le plus petit des théâtres privés mais le plus connu au monde.

Pourquoi Nicolas Bataille a t-il choisi de jouer cette mise en scène ? Qu'a t-il voulu faire ressortir sachant qu'il allait la jouer dans un petit théâtre ?

G. Phélip: Au départ quand ils ont lu la pièce la première fois, ils ont beaucoup rigolé. Ils ont donc voulu la monter et l'ont joué drôle chez des amis sauf que personne n'a ri. Donc Nicolas s'est dit qu'il fallait changer quelque chose puisque ça ne fonctionnait pas. Et donc ils l'ont joué austère et ils se sont rendu compte que ça donnait un sens à la pièce et que tout ce qui était en dessous se révélait, ne pas faire rire pour faire rire.

J-N Hazemann: S'il a choisi ce parti pris de monter le spectacle comme ça, il a aussi choisi de la jouer dans l'époque fin 1890 en Angleterre où les gens avai

ent un côté guindé et ça leur donne une rigidité à une époque où il y avait des mots qu'il ne fallait pas prononcer. Un puritanisme anglais assez exacerbé, c'est pour ça qu'on donne toujours l'exemple: parler d'un pot de chambre quand la bonne arrive, “Oh ! Shocking !”. C'est pour ça qu'il y a ce décalage qu'il faut replacer dans l'époque qui a été choisi et qui est signifiée par le choix des vêtements qui donne un coté guindé qui explique le côté “shocking”. Le côté rigide permet à l'absurde par contraste de devenir drôle. Cela donne tout le sens du texte. […] C'est un procédé qui permet d'amplifier le comique et l'absurde.

Gonzague, pourquoi avez-vous décidé de faire un livre sur ce théâtre ?

G. Phéli

p: C'était à l'occasion du 50e anniversaire du spectacle Ionesco et on s'était dit qu'il fallait marquer le coup. J'avais déjà fait un travail de numérisation de toutes les archives depuis 1948. C'était l'occasion de mettre en valeur cette numérisation parce que je pense que peu de théâtre ont fait ce travail- là. Avec cette masse de documents et de photos, il y avait de quoi pour faire un superbe livre. J'ai eu la chance de tomber sur l'éditeur Gallimard. Au résultat, ça donne un livre très agréable à lire et riche visuellement. Puis l'histoire de La Cantatrice Chauve et tous les personnages liés à ce théâtre: Charles Aznavour, Jean-Paul Belmondo, etc. Mais surtout l'histoire du théâtre est assez extraordinaire, il y avait matière à écrire. Au début, Marcel Pinard, le fondateur du théâtre, était un personnage incroyable: il était un paysan et il a eu une illumination. Il est monté à Paris et est devenu l'amant de la propriétaire de cet immeuble. Comme son rêve était de faire un théâtre, il lui a demandé le bas du bâtiment. Ensuite il rencontra George Vitaly qui cherchait un petit théâtre pour jouer ses pièces. […] Ce sont ces deux personnages qui sont à l'origine du théâtre de la Huchette.

Les costumes sont-ils d'origines ?

G. Phélip: Ils ont été créés par Jacques Noël qui a aussi fait le décor en 57 mais il était peint sur les murs. En 82, la salle a été refaite et le décor a donc été repeint sur des panneaux en ferraille. Il a fait les costumes à l'anglaise. Mais ça s'use et donc à chaque comédiens on adapte et refait les costumes mais sur le modèle d'origine.

Garder une troupe pendant 57 ans doit être une tâche difficile. Y'a-t-il eu des troubles ou des difficultés à garder les comédiens ?

J-N Hazemann: Il y a plusieurs comédiens par rôle qui jouent par période de 15 jours. Donc la distribution croisée change toutes les deux semaines. Quand ils arrivent pour jouer, ils découvrent avec qui ils vont jouer et avec le jeu des alternances parfois il n'ont pas joué ensemble depuis 4 ou 5 mois. Donc il y a une excitation comme si c'était une première. Il y a cette surprise qui garde la fraicheur du spectacle. Puis tous les 4 mois on regroupe toute la troupe pour qu'ils aient toutes la même mise en scène.

Qui sont les nouveaux metteurs en scène ?

J-N Hazemann: Jacques Legré qui a été directeur de ce théâtre pendant plus de 40 ans a été désigné par Nicolas Bataille. Il était le metteur en scène jusqu'à son décès en décembre 2012. Maintenant c'est Roger Défossez qui recadre les comédiens comme un chef d'orchestre.

Un grand succès dans un petit théâtre vaut bien mieux qu’un petit succès dans un grand théâtre et encore mieux qu’un petit succès dans un petit théâtre.

Eugène Ionesco.

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