Cher Saint-Valentin, je déprime sans raison?
- Gergana Todorova
- Feb 14, 2018
- 5 min read
Vous n'êtes pas en couple et vous déprimez parce que vous serez seul/e le 14 février? Vous êtes en couple mais vous déprimez toujours? Alors il est où le problème si on n'est pas bien dans aucun des deux cas?

L'existence de la fête de Saint-Valentin remonte au moyen Âge. Ce jour surnommé "le jour des amoureux", n'est pourtant au début, pas très illustratif de l'amour entre deux êtres. Pire que cela: c'était un jour où les viols collectifs et la violence aux femmes étaient tolérés sous prétexte d’une tradition. Cependant avec le temps cette fête a pris un tournant romantique, avec des traditions qui respectent les femmes et qui honorent les déclarations d'amour.

Si avant le jour du 14 février, les hommes faisaient preuve de créativité en écrivant des poèmes, des livres ou en offrant des cartes de voeux, alors aujourd'hui la preuve d’amour, fait objet d'une compétition folle d'achat de marchandises et de services.
Ce jour doit être l’occasion de passer du temps à deux et de porter une attention un peu plus particulière à notre partenaire. Or cette petite attention a basculé vers un mouvement extrême de grandomanie. Aujourd'hui il faut acheter des cadeaux aussi chers que possible, il faut trouver un bon restaurant, faire preuve d'inventivité en cherchant des offres qui proposent un Saint-Valentin exceptionnel. Bien sûr qu'une croisière, un weekend en spa avec du champagne et un bain avec des pétales de roses font plaisir à chaque femme. Or on commence à avoir des attentes qui bénéficient d'une croissance d'une année à une autre qui devient la source de notre insatisfaction de plus en plus souvent.
Tout le monde est courant qu'aujourd'hui le Saint Valentin ait surtout une fête commerciale. Pourtant est-ce qu'on est vraiment conscient de l’emprise économique dans laquelle on est piégé?
On est stimulé en permanence à consommer:
-Janvier:
Les soldes nous séduisent à dépenser les dernières épargnes après la grosse course de Noël. Comptons aussi la fête de la Gallette des rois.
-Février:
Notre cher Saint-Valentin, nous oblige à acheter des roses et de bijoux et d’aller aux restos de luxe.
-Mars/ Avril
La vente de chocolat, de décoration et des offres de voyages commencent des mois avant les Pâques.

-Mai
La fête des mères.
-Juin
Encore les soldes etla fête du père.
-Juillet/Août
Comme on est en vacances, ils ont décidé de nous laisser tranquilles au moins l'été. Mais bon ce sont les vacances... on est bombardé de partout avec des offres de vacances pas chères.
-Septembre
Surprise, il y a rien, ou bien je fais une omission.
-Octobre
Halloween et la folie des costumes, de décoration toujours comme pour chaque fête, des bonbons, des sorties en boîte, etc.
-Novembre
Encore une surprise, rien, mais bon dix mois suffisent à tout dépenser.
-Décembre:
On achète des cadeaux pour tous nos proches pour la fête de Noël, des décorations et on dépense des sommes de fou pour passer un Nouvel An exceptionnel.
Ce petit calendrier, n’est peut-être pas exhaustif, mais j'espère que vous vous êtes rendu compte du vertige commercial auquel on est exposé. Des éditions limitées de produits, des promotions et sans cesse sur le marché sortent des produits qui sont lancés Uniquement pour cette période. Du coup on a la fièvre d'acheter tout, tout le temps. Cependant on essaye de tout fêter mais si on n'est pas en couple, cette fête ne nous est pas réservée. Alors si on est habitué à consommer à l’occasion de chaque fête, on éprouve un vide si on ne participe pas à un événement. En effet on s'engouffre très facilement dans ce modèle économique qui chérit le matérialisme et la consommation en permanence. Cela peut très vite se transformer en addiction sans qu'on s'en rende compte. Mais acheter, signifie remplir le vide. Quand on s'emporte dans ce mouvement de foule, on essaye de combler le manque des choses qui relèvent des rapports humains. Alors pour les célibataires il devient encore plus pénible de passer à côté de cette fête.
D'un autre côté il y a aussi la pression sociale. La question la plus récurrente pendant cette période et si on est en couple et on est bombardé par des informations de la sorte "Oui on va fêter là, "On prévoit une soirée entre couples", " Tu vas faire quoi le 14 ? " etc. Alors forcément on commence à déprimer, puisqu'on se sent différent et en dehors des normes. On n'est pas conforme à la situation sociétale du moment et se sentir différent. Or cela mène presque toujours au sentiment d'être exclu et donc inconsciemment on se sent rejeté. Par conséquent les pensées comme " Personne ne veut de moi", "Il semble que je ne vais jamais trouver la personne pour moi", " Je n'ai pas de la chance avec l'amour", "Je suis toujours seul/e le 14". On a des rappels de partout qu’on est célibataire et qu’on doit absolument faire quelque chose cette date. Ou bien dans une vision plus pessimiste : vous avez perdu l’être aimé et alors cette fête devient une torture incroyable.

Allez assez pour les célibataires. Prenons les gens en couple. Ils dépriment souvent aussi à cause de cette fête. Cela vient du fait qu'on a des attentes, qui comme je l'ai déjà évoqué, ne cessent de croître au fil du temps. Si votre partenaire ne vous a rien offert ou bien le cadeau qu'on reçoit n'est pas suffisamment ambitieux, on est déçu. La déception augmente avec la question suivante-Comment fêter le saint Valentin? Si votre moitié ne vous a pas amené au resto dont vous parlez toute l’année et vous passez la fête chez vous vous êtes déçus. Ou bien si votre chéri ne paye pas l’addition ce jour-là, vous le prenez mal puisque c’est le 14 février, la Saint-Valentin, zut. Vous prenez mal tout, puisque vous espérez une fête parfaite et elle ne l’est pas. Ou imaginez que votre moitié travaille toute la journée ou il a d’autres engagements ou vous ne pouvez pas célébrer le jour des amoureux, alors que vous êtes un grand romantique et vous avez imaginé toutes sortes de divertissements pour cette date ? C’est la catastrophe, on déprime plus que jamais.

Or si on s’aime vraiment avec notre partenaire, on s’aime tous les jours, si on aime l’autre on est attentionné à cette personne toute l’année et pas juste un jour sur 365. Ça revient au même avec la fête des mères et la fête des pères. Ils sont vos parents tout au long de l’année et vous les aimez et respectez tout le temps, pas un seul jour de l’année où vous vous réveillez et vous vous rappelez "Oh, oh fait, j’ai une mère et je l’aime ".
Mon objectif n’est pas de dénigrer la fête de Saint-Valentin, au contraire il est bien qu’il y ait des occasions qui nous rappellent qu’il faut s’aimer. Il faut juste prendre conscience que le monde capitaliste dans lequel on vit et cette stimulation vers l’achat, provoque plus souvent de la déception, que de la satisfaction. Avec cet article j’essaye d’analyser et de dresser quelques raisons qui permettront aux gens qui se sentent mal le jour de cette fête, de se sentir un peu mieux. Bien évidemment même si on est au courant de ces choses-là, on déprime toujours si on ne reçoit pas au moins une petite attention, mais il n’est pas nécessaire que votre moitié fasse des efforts monstrueux pour rendre cette journée parfaite. Il suffit un peu d’amour, du respect et un geste mesuré qui fournira du plaisir de manière simple.
Pour les célibataires sera peut également être une occasion de rigoler avec des amis et de prendre cette fête à la légère. Mieux même, en Bulgarie le 14 février est la fête du vin qui honore le saint Trifon Zarezan. Alors si vous n’avez pas encore des plans et votre morale n’est pas encore remontée avec cet article, je vous propose de fêter ça. Santé !

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